Tes droits et libertés - texte d'une lectrice

Je me souviens comme si c’était hier de la nuit du mardi 30 mai 2006. Une belle et chaude soirée de printemps qui annonçait l’été. À cette époque, j’étais barmaid dans un club qui tenait des ladies night cette journée-là de la semaine. Encore plus qu’à l’habitude, mes collègues, les clients qui passaient successivement à mon bar et moi-même, on se répétait comme un vieux disque qui saute à quel point cette nouvelle loi sur le tabac allait tuer l’économie du nightlife et provoquer une baisse de trafic, et donc de revenus, épouvantable. J’enfilais les clopes une après l’autre dans l’espoir de pouvoir jouir au maximum, une dernière fois, de ce privilège ô combien chéri qui me permettait de m’adonner à mon vice dans le cadre de mes activités professionnelles. Un petit luxe banal qui, bien qu’il contrevenait considérablement au bien-être et à la santé des âmes qui m’entouraient, représentait, jusqu’ici, un droit inaliénable pour mes homologues et moi.

Évidemment, le temps nous a hautement prouvé qu’on était tous dans le champs gauche avec nos théories de gérant d’estrades et nos spéculations infondées. Parce que près de 15 ans plus tard, plus personne n’est en mesure de trouver un argument qui pourrait un tant soit peu invalider cette réglementation qui a eu raison de nos doutes. Même les opposants les plus récalcitrants d’entre nous y ont, en bout de piste, trouvé leur compte. Tout le monde s’entend aujourd’hui pour dire que ce serait complètement ridicule de proposer un retour en arrière en réhabilitant une pratique, ouvertement nuisible pour la santé publique, sous prétexte qu’elle sert les intérêts personnels d’une poignée d’égoïstes.

Vivre en société et fréquenter ses espaces collectifs impute certaines responsabilités et un lot de concessions. Personne ne vous obligeait à fréquenter les établissements soumis aux lois sur l’interdiction du tabac après le 30 mai 2006. Personne ne vous oblige non plus à entrer vous acheter un café chez Tim Hortons depuis ce matin. Vos amalgames boiteux qui suggèrent que le port du masque dans les lieux publics relève de la dictature et entrave à vos droits ne tiennent pas la route. Ceux qui s’entêtent à croire le contraire à grands coups de fake news, de théories conspirationnistes loufoques et de braillage incessant digne d’un enfants incommodé par sa couche pleine, me faisaient honnêtement bien rigoler avant aujourd’hui.

Mais là, je dois avouer que ce n’est plus tant drôle, ou même juste limite gossant, l’attitude imbuvable de ces wannabe anarchistes. C’est pas comique pantoute d’accuser une caissière de 17 ans d’être une collabo du totalitarisme parce qu’elle te demande de gérer ton trouble de l’opposition non-traité pis d’arrêter de tousser volontairement comme un cave dans la file d’attente pour combler ton besoin de montrer à tout le monde que ça ne te fait pas peur, toi, une pandémie. Si personne de votre entourage n’a encore osé vous le dire tel quel par crainte de freiner la poursuite de votre vertueuse croisade vers la liberté, je me permets de le faire: refuser d’utiliser des moyens simples pour t’empêcher de postillonner sur tes contemporains ne représente PAS un acte de désobéissance civile révolutionnaire. Le simple fait de croire le contraire confirme même, hors de tout doute, que tu serais le premier faiblard à tomber au combat s’il fallait réellement braver une menace qui s’en prend à nos droits et libertés

Maripier Santoire-Rémillard, collaboratrice spontanée

Collaboration spontanée

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