Je me suis détestée d'être une femme

Je me souviens du moment précis où je me suis levée le cœur. À bout de force. À bout d’espoir. J’en avais assez d’être une femme et d’avoir les émotions prédominantes sur ma force physique. J’ai hurlé et pleuré, maudissant ma faiblesse féminine. Pourquoi LUI ne connaissait pas la sensation presque réconfortante du plancher froid après un coup? Pourquoi LUI ne connaissait pas la douleur d’un ecchymose sur son corps, le blessant jusqu’à l’âme? Pourquoi LUI trouvait la force de serrer ses mains autour de mon cou en me regardant faiblir?

Je me détestais, plus qu’il ne pouvait me détester. Terrorisée et blottie presque confortablement derrière la peur de ne porter rien d’autre que le titre de femme violentée.

Après chaque tempête, je reprenais sans aucune difficulté mon rôle de maman. Arrivant presque à oublier mes maux. Sauf que ce bébé que je regardais grandir n’allait pas rester dans l’innocence toute sa vie, même devant ma plus grande capacité de faire semblant. Ce bébé que j’aimais et protégeais allait un jour, devenir une femme à son tour. Et ça, ça changeait tout. Alors que je l’observais manipuler ses pouliches, j’ai réalisé que ce petit bout d’âme m’avait choisi pour devenir sa maman, non seulement parce que j’étais une femme, mais parce que j’en étais capable. Que mes émotions, plus grandes que ma force physique, allaient un jour dominer sur LUI et tout ce qui viendrait ensuite.

Pour elle, je n’avais plus le droit de m’apitoyer. Pour elle, je me devais de la guider vers la femme assumée et fière qu’elle deviendra. Pour ces histoires d’horreurs et pour ces statistiques, je me devais de partir. Au nom de celles qui se détestent d’être femme, se croyant faibles, je me dois aujourd’hui de continuer d’écrire mon histoire et ne jamais oublier d’où je viens.

En ce jour de la femme, je réalise qu’au moment où ma vision de moi-même a changé, tout a changé aussi autour de moi. Aujourd’hui, comme à des années lumières de cette vie qui m’a forgée, je suis une femme fière, je me sens forte et capable de tout. En ce jour de la femme, qu’on célèbre nos droits ou qu’on rende hommage aux femmes qui ont changé l’histoire, envoyons un message à toutes celles qui sont dans l’oubli au même titre que celles qui sont sous les projecteurs: être une femme n’a rien d’une faiblesse. Être femme, c’est donner la vie, choisir de ne pas le faire ou accepter de ne pas être capable de le faire. C’est être homme si on a envie. C’est choisir quand une étape se franchie et quand en commencera une autre. Être femme, c’est savoir qu’il n’est pas trop tard pour prendre un nouveau départ. C’est de faire de ses faiblesses ses alliées, plutôt qu’une peur.

Au-delà du droit de vote, au-delà de l’égalité des sexes, au-delà des combats pour la femme qui se gagnent à grands coups de petits gestes. Être femme, c’est d’être humaine, belle par son âme et fière d’avoir le droit d’être, simplement.

En ce 8 mars, comme à ce jour de déclic devant ma fille et ses pouliches, ne vous détestez plus jamais d’être femme.

Marie-Soleil xx