Comme une promesse

Hey! Comment tu vas? Ça fait quand même un bon moment que je n’ai pas étalé mes états d’âmes sur le blogue. On dirait que la pandémie m’avait enlevé ce droit-là. Comme si la haine envers tout et rien à la fois avait soudainement libéré des droits de paroles plutôt agressifs à la moindre opinion divergente. Genre qu’on s’est pas pire égaré de la passe des arcs-en-ciel dans nos fenêtres, hein? Chose certaine, j’ai continué à vous jaser de voyages, même si ça ne servait qu’à vous faire rêver la majeure partie du temps!

Tranquillement, on dirait que je retrouve l’envie de vous partager un côté de ma vie sans filtre. Faut savoir que d’habitude cet envie-là vient avec des chamboulements dans ma vie, je suis comme ça. Enfin, j’imagine que je ne suis pas la seule chamboulée depuis les derniers mois, sauf que dans mon cas, ça me donne l’envie d’écrire. Comme pour immortaliser l’épreuve, me prouver que je l’ai vécue, partager ma leçon, pis la classer pour de bon.

Non, mais il s’en est tu passées des choses depuis cette maudite pandémie qui on dirait, ne finit plus de finir. On est à combien de vagues là au juste? Je vous avoue que mon suivi des nouvelles a prit le bord quand je suis presque virée folle à force d’essayer de suivre tout ça. Vert, jaune, rouge, jaune, orange, bleu, les règles du rouge qui deviennent les règles du jaune à partir de 13h02, mais tomberont celles du vert dans 4 jours. Ishh. J’suis à boute, pis j’ai beau avoir accordé le sérieux à la chose pendant un pas pire long moment, là j’suis juste tannée d’en entendre parler pis de voir le monde se diviser en s’égarant dans les lignes qu’on essaie de tracer entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux. Ça vaut quoi, au final? C’est vrai que la Covid m’a volé ce dernier Noël que mes filles auraient dûes avoir avec leur grand-papa. Qu’elle m’a volé des bouts de vie, du temps qui ne reviendra pas. Qu’elle m’a volé de grands projets, des choses que le temps efface tranquillement pour disparaître dans les archives de mes grands rêves inachevés.

Ceux qui me suivez sur les réseaux, vous avez assurément vu que la maison de mes beaux-parents est devenue la nôtre l’hiver dernier. Puis, mon beau-papa adoré est devenu un ange alors qu’un cancer est venu sournoisement s’emparer de son cerveau. Il est parti trop vite, que quelques temps après qu’on se soit bien installés dans cette maison qu’il a tant façonné. Chaque pièce ici est remplit de son vécu, de l’amour qu’il portait à sa douce femme, des moments précieux avec sa famille qui elle, était le centre de son univers bien à lui. Son âme entière, je la sens entre ces murs qui nous adoucissent l’épreuve. J’arrive à peine à décrire à quel point je l’aimais et que sa présence rassurante me manque. Il est parti trop tôt. J’ai beau crier à l’injustice, mais la vie est ainsi faite. Depuis son départ, j’ai enfilé mes habits de grande guerrière, étouffant ma peine derrière le bouclier qui m’aide à tenir le coup pour ceux qui restent quand la vie reprend sa vie. Je pense que j’suis passée du statut d’adulte à celui de madame d’une traite. J’me promène avec une mallette et mon cerveau spin, nuit et jour et soir et matin. Ses précieux conseils, son expérience et son grand cœur se sont envolés avec lui. Chaque jour, je lis son écriture à travers ses notes, à travers les traces qu’il m’a laissé pour essayer de succéder aux responsabilités qui viennent avec le décès d’un grand homme comme lui. Pis j’essaie de suivre. -Je tiens ma promesse Denis, j'te jure que je fais vraiment de mon mieux.- Y’aura des oublis et des embûches assurément, les chaussures sont grandes à chausser, mais j’apprends. C’est fou comme la vie ne tient qu’à un fil. Je dirais que c’est vraiment à partir de là que la Covid a arrêté d’être le centre de ma vie. Elle n’a plus ce droit. Point.

Je suis de celle qui aime les gens, à prime abord. Depuis toujours, j’aime l’arc-en-ciel de l’humanité dans ses couleurs de cœur et de corps, dans la diversité de sa pensée. Quand je croise des méchants, j’me dis toujours qu’eux, ils se sont juste laissés définir par les faux-plis de leur passé. J’aime la vie et ça, même si j’sais plus quelle joue présenter pour encaisser ses coups. Je fais confiance d’amblée que tout va toujours aller pour le mieux, que les mauvaises passes sont là pour m’outiller pis pour savoir apprécier les bonnes.

Y’a pas de mot qui nous prépare, y’a pas d’épreuve qui nous forge suffisamment. On vit, on meurt. On laisse un empreinte à l’image de notre vécu. La longueur de notre vie n’égale pas notre bonté, mais la profondeur de l’amour et du temps qu’on partage ça, ça nous survit.

Comme une promesse à cette vie qui m’est prêtée, à ce qui me survivra, je me permettrai de vivre sans remord. Une vie remplie d’amour et surtout de temps. Du temps auprès des miens. Du temps pour poser un genou au sol quand le tourbillon de la vie m'étourdie. Du temps de qualité, pis de l'abondance de beaux souvenirs, parce que c’est tout ce qu’il reste au bout d’une vie.

Peut-être que mon corps et mon âme se protègent et se foutent la tête dans le sable, mais je ne veux plus accorder de l’importance à ce qui nous guide les pas et les mots depuis beaucoup trop longtemps. Oui, la pandemie c’est une cristie de mauvaise passe pour bien du monde, mais on s’est trompé sur les priorités.

J'vous promets que ces opinions qui nous divisent ne valent rien si ce n’est qu’elles épongent ce temps précieux qu’on perd à penser se détester.

-Marie-Soleil xx